Dossier Sud Expert Plantes numéro 208
L’Herbier national du Cameroun, créé depuis les années 1948 – 1950, est aujourd’hui la Station Spécialisée de Recherche en Botanique de l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement.
Depuis sa création, la mission principale de l’Herbier national est la recherche floristique pour la connaissance de la flore et la végétation du Cameroun. L’accent est porté essentiellement sur la systématique, la phytogéographie, l’écologie et l’ethnobotanique. La valorisation des résultats à travers des publications telles que la série Flore du Cameroun (37 volumes à ce jour), la carte phytogéographique du Cameroun, des publications scientifiques ayant tous pour objet de donner aux utilisateurs des informations pour la gestion rationnelle et durable de la richesse biologique du Cameroun. Aussi, la promotion des ressources alternatives par la recherche de plantes peu connues permet aux populations de mieux profiter de leur flore locale (plantes médicinales, produits forestiers non ligneux) pour en retirer des revenus financiers.
Le bâtiment qui abrite la station a été construit dans les années 1970. Aujourd’hui, ce bâtiment est exigu à cause du grand nombre d’échantillons récoltés par les botanistes qui visitent le Cameroun, grâce à la diversité reconnue des écosystèmes qui en fait le résumé de la végétation d’Afrique ou l’Afrique en miniature. Beaucoup d’échantillons sont mal stockés, il y a de moins en moins de place pour ajouter des planches d’herbier dans la collection de travail. La bibliothèque ne contient que des documents anciens, le manque de financement n’ayant pas permis l’achat de publications plus récentes. La connexion Internet par téléphone réalisée en 2005 est à faible débit, et l’existence d’une seule ligne téléphonique rendent difficile sinon impossible la recherche bibliographique en ligne.
Les partenaires internationaux de l’Herbier national au sein du projet Sud-Expert-Plantes sont L’Institut de Recherche en Développement (IRD) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN). Ce sont deux institutions de recherche de France dans le domaine de la biodiversité avec un intérêt particulier aux régions tropicales. Des équipes de recherche organisées au sein des Unités de recherche permettent une intervention efficace en cas de besoin grâce à des équipes multidisciplinaires. L’appui porte surtout dans les aspects taxonomiques grâce à la richesse de l’Herbier de Paris qui contient plus de 8.000.000 de spécimens dont les collections historiques et près de 400.000 types du monde entier d’une part, et d’autre part les aspects informatiques par la constitution des bases de données et l’arrimage aux initiatives internationales de la Convention sur la Biodiversité tel que Global Biodiversity Initiative Facility (GBIF).
Les partenaires nationaux sont les Herbiers de l’Ecole de Faune de Garoua (EFG) et du Jardin Botanique et Zoologique de Limbe (SCA). Ce sont des herbiers locaux pour la conservation des écosystèmes locaux (Mont Cameroun et aires protégées des savanes soudaniennes et sahéliennes) et à but didactique pour l’éducation environnementale et la formation des gestionnaires des aires protégées. Le partenariat porte essentiellement sur le transfert de matériel à l’Herbier national qui est chargé de constituer la collection nationale de référence.
Compte tenu de l’exiguïté actuelle des locaux et de l’absence de bibliographie récente, le projet permettra d’améliorer les conditions de stockage et de classement des échantillons ; la poursuite et l’achèvement de l’entrée des données dans la base Letouzey et les autres bases des partenaires tant nationaux (EFG & SCA) qu’internationaux (P), une meilleure information du public. Aussi, l’identification et la description des espèces pour la rédaction des publications seront plus aisées avec la consultation des types et de la bibliographie taxonomique tant sur place à Paris qu’en ligne sur Internet.
Avec les aménagements réalisés, il sera possible 1) de consulter des planches d’herbier sans les manipuler, ce qui aidera à leur meilleure conservation, 2) de consulter le matériel des autres Herbiers en réseau RIHA ou GBIF, 3) consulter l’abondante bibliographie spécialisée disponible en ligne, 3) mieux renseigner les utilisateurs de l’Herbier national.
Aujourd’hui, la connaissance des ressources naturelles est la clé pour la gestion rationnelle et durable de l’environnement et l’amélioration des conditions de vie des populations rurales par le partage équitable des bénéfices tirés de l’exploitation de la biodiversité. Par exemple des populations vivant dans les sites de récolte des plantes utilisées dans la recherche pharmaceutique pourraient bénéficier des "royalties" issues de la vente des médicaments si à l’Herbier national, il est établi que la plante existe au Cameroun et peut y être récoltée. Pour une bonne répartition d’utilisation des terres, la gestion informatique des données sera plus efficace, même pour les zones non encore étudiées : de nombreux échantillons collectés dans les zones difficiles d’accès restent stockées et donc ignorées lors des études d’impact environnemental des projets. Aussi, la souveraineté nationale sur la biodiversité floristique sera mieux exercée pendant les Conférences des Parties (CoP) des différentes initiatives issues de la Conférence de la Biodiversité et autres rencontres internationales où il est question de gestion de l’environnement vert. Au niveau international, la flore du Cameroun sera mieux connue, et les taxonomistes pourront rédiger plus aisément les familles non encore publiées dans la série Flore du Cameroun. Aussi, l’écotourisme va se développer avec des retombées financières pour les structures d’accueil et les populations locales
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