Création d’un jardin botanique traditionnel

au sein du Parc botanique et zoologique de Tsimbazaza (Antananarivo)

Dossier Sud Expert Plantes numéro 239

A Madagascar, la médecine traditionnelle est pratiquée, selon l’OMS, par plus de 80% de la population. Cette population se tourne de plus en plus vers la médecine traditionnelle, du fait qu’elle est démunie et n’a pas les moyens d’accès aux médicaments modernes et aux structures de soins classiques dont les coûts ne sont pas à leur portée. Le parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza est une institution étatique sous tutelle du Ministère de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique (MENRS). Il est la vitrine de la biodiversité en pleine ville de la capitale. En tant que Centre de Recherche et de conservation ex-situ par le biais de l’élevage en captivité d’animaux et de collections de plantes vivantes, le PBZT constitue un domaine unique au niveau national, assurant l’éducation de la masse populaire et de ses visiteurs sur l’importance de la conservation de nos patrimoines biologiques et culturels uniques au monde. Il possède également le plus grand herbier de toutes les Iles de l’ouest de l’Océan Indien qui conserve actuellement plus de 90 000 spécimens de références de plantes du pays. Il s’agit d’une plaque tournante pour tous les chercheurs nationaux et internationaux, les étudiants et les autres gens qui travaillent sur les plantes Malgaches. Il ne faut pas oublier aussi l’importance de la collection morte des insectes et le musée d’histoire naturelle et d’ethnographique. Grâce à sa stratégie tout azimut, le PBZT travaille en collaboration avec de nombreuses institutions et universités nationales et internationales sur tous les volets de la biodiversité mais jusqu’à maintenant il n’a pas encore aménagé un jardin thématique sur les plantes médicinales

Parmi les 14 000 espèces de plantes Malgaches connues actuellement, 4000 environ sont médicinales. Cette richesse constitue une réserve quasi unique pour la recherche scientifique et pour l’humanité. Face aux destructions de l’environnement causées par les feux de brousse, la surexploitation, les collectes illicites, la perte de la diversité parait alors inquiétante. D’une part, la diversité floristique continue à disparaître progressivement par suite de la destruction de son habitat et de la croissance démographique et d’autre part la diversité culturelle disparaît rapidement par suite de la culture moderne. La tenue d’un jardin botanique dans un lieu public est une opportunité à la population de connaître les plantes dont ils entendent parler tous les jours et d’en apprécier et de contrôler leur utilisation. Le jardin peut présenter une originalité qui est inspirée de la pharmacopée nationale malgache. Mais la déforestation excessive à Madagascar met en garde sur la disparition éventuelle de telle plante qui possède une vertu thérapeutique réelle et sûrement un avenir prometteur pour l’industrie pharmaceutique. Aussi pour être mieux comprises, expliquées et utilisées dans le respect des pharmacopées nationales, les plantes médicinales pourraient être regroupées dans un jardin botanique. Il serait vital de sauvegarder non seulement les plantes les plus utilisées en médecine traditionnelle, mais aussi les plantes endémiques de Madagascar Et l’Association Malgache d’Ethnopharmacologie ou A.M.E. s’associe au Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza pour la réalisation d’un tel projet, l’A.M.E. regroupant les personnes ayant des affinités avec la médecine traditionnelle (chercheurs, tradipraticiens, botanistes, pharmacologues, médecins, pharmaciens, dentistes, etc). La collaboration entre PBZT et A.M.E. à la création d’un Jardin Botanique Traditionnel au sein du PBZT s’avère très importante non seulement à la conservation ex-situ des plantes les plus utilisées en médecine traditionnelle mais aussi à l’éducation et à la sensibilisation des visiteurs du Parc à ce sujet.

L’ objectif du projet est de :

• créer un jardin thématique de plantes médicinales au Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza en collaboration avec l’AME ;
• conserver et valoriser la biodiversité végétale utilisée pour la médecine traditionnelle ;
• faire connaître au large public les plantes les plus utilisées ;
• promouvoir la médecine traditionnelle grâce à une collaboration étroite avec les institutions nationales compétentes pour la fabrication de produits pharmaceutiques.

mai 2007

RAPANARIVO Solo Hery Jean Victor, Chef de Département Flore au PBZT

et

RATSIMIALA RAMONTA Isabelle, Enseignant Chercheur au Département de Biologie et Ecologie Végétales  de la Faculté des Sciences d’Antananarivo

A.M.E. ou Association Malgache d’Ethnopharmacologie

voir la restitution faite en avril 2010 (diaporama)