Connaître, préserver et valoriser les plantes
Inventaire floristique du Mont des Cardamomes (Province de Koh Kong, Cambodge),
avec mise en évidence des espèces endémiques et/ou médicinales.
Dossier Sud Expert Plantes numéro 397
Situé géographiquement dans le territoire appelé Asie des Moussons, le Cambodge s’étend de part et d’autre du cours inférieur du Mékong. Les plaines forment l’essentiel du paysage, interrompues çà et là par des collines ; celles-ci sont formées de grès clairs, qui sont des restes de l’ancienne couverture jurassique et crétacée, et de roches calcaires, granitiques ou volcaniques, appartenant au socle préjurassique.
À l’Ouest, le Cambodge est dominée par l’imposant massif des Cardamomes, qui a conservé dans l’ensemble sa forêt primitive. La forêt claire à Dipterocarpaceae domine sur les sols à affleurements rocheux ou latéritiques. Là où affleure la roche, on trouve également des formations semi-denses (Lythraceae, Fabaceae, Meliaceae, …). Les sols argilo-sableux portent de belles forêts denses. Les formations de Conifères (Pinus merkusii Jungh. & de Vriese) sont submontagnardes. Le point culminant du Mont des Cardamomes à Thmar Baing est de 1200 m.
Le Massif des Cardamomes est couvert d’une forêt dense encore non étudiée. Mais d’après les quelques études floristiques de cette région, il apparaît que ce massif est très riche en espèces endémiques, spécialement parmi les herbacées (Zingiberaceae par exemple). Quant aux plantes médicinales, la cueillette traditionnelle joue un rôle prépondérant dans ce massif, où l’on trouve de nombreuses espèces de cardamomes parmi lesquelles l’Amomum kravanh Pierre ex Gagnep., et un ligneux réputé pour ses huiles essentielles, l’Aquilaria crassna Pierre ex Lecomte, utilisées en médecine traditionnelle asiatique contre le paludisme et le choléra. Ces deux exemples sont presque les seuls à avoir été étudiés, alors que subsiste une très grande quantité d’espèces endémiques et médicinales mal connues et non encore répertoriées floristiquement.
Il est fondamental de pouvoir récolter ces espèces végétales en vue de leur détermination précise afin de bien connaître le patrimoine végétal que le Cambodge a à gérer durablement, et plus particulièrement dans ces Montagnes qui seront appelées à s’ouvrir au tourisme. L’approche écologique de ce travail selon un gradient altitudinal (amplitude de 2200m au niveau de la mer), et en fonction de la diversité de substrats rencontrés. Ce travail fait aussi partie intégrale du projet d’enrichissement de l’Herbier de RUPP, de la constitution de la Checkliste de la Flore du Cambodge, ainsi que de la formation des techniciens et des étudiants dans le cadre du Master en Biologie végétale (formation par la recherche grâce aux séjours sur le terrain).
mai 2007
Mme YOK Lin
Faculté des Sciences, Université Royale de Phnom Penh, Cambodge
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